Bonjour à tous, voici enfin mon retour sur ma première construction : un Vortex (enfin deux). Une sacrée expérience... Quel bonheur ! Presque déçu que ce soit fini. Heureusement maintenant je peux jouer avec !
Bien que le forum semble être effectivement un peu déserté, je vais prendre le temps d'un petit compte rendu de mon aventure, je dois au moins ça au forum et ça servira sûrement à d'autres, un jour.
Comme déjà indiqué, je suis plutôt novice, je n'ai découvert le monde du CV "haut de gamme" que depuis 6 mois avec l'acquisition d'un Avo7.
J'ai évidemment épluché avidement toutes les archives du forum, source incontournable d'informations nécessaires, IMMENSES REMERCIEMENT à toutes vos contributions.
J'avoue être plutôt patient, méticuleux et très bricoleur depuis fort longtemps, tout ça m'a beaucoup facilité la tâche. Car il faut l'avouer : construire un CV acrobatique est fastidieux et nécessite un paquet d'étapes délicates, d'astuces à trouver, de précision, d'anticipation, d'informations à accumuler... Un vrai gros challenge (j'adore).
Je précise aussi que j'en ai construit deux identiques à la fois, gain de temps considérable...
Caractéristiques retenues :- Vortex typée UL, dans l'objectif d'abaisser un peu la plage de vent : bord d'attaque en P100+P200 (au lieu de P200+P300), vergues en 3PT, spine en P100 (au lieu de 6mm), top-cross en 5mm (au lieu de 6mm), wiskers en 2,6mm (au lieu de 3mm), manchons raccord de barres en Avia 240 (creux).
- Bord de fuite avec nerf de chute
- Bridage d'origine : incidence avec échelle de noeud 49 à 54 (origine 50), extérieur 50, intérieur 65+5
- Panneautage :
Solution pratique pour essayer les couleurs : dans excel, importer une photo du CV bien de face, redessiner par superposition chaque panneau avec l'outil forme courbe, dessiner la structure, puis dupliquer le tout et colorier au plaisir.
Construction :- Listing et commande des pièces : premier casse-tête
- Assemblage du plan à partir de feuilles A4 : assez fastidieux de faire bien les choses. Quadrillage 5x5cm du plan bien utile. Bien vérifier aussi les diagonales...
Première grosse prise de conscience : le papier change de dimension selon l'hygrométrie. J'y avais jamais songé, pourtant je connais bien le comportement du bois. Et bien j'ai minutieusement assemblé mes pages A4 par temps moyen, puis quelques jours plus tard lors de la canicule mon plan d'ensemble avait raccourci de 1 cm sur les 1 m de longueur de la demi aile
Après quelques recherches je confirme l'ordre de grandeur approximatif : pour un écart d'hygrométrie ambiante d'environ 40% on a 1% de variation dimensionnelle dans la largeur d'une feuille A4, l'effet est 3 fois moindre dans la longueur de la feuille.
Conclusion : faut surveiller la dimension de son plan à certaines étapes clés
Gabarit papier collé sur carton trouvé en supermarché entre les bouteilles, effectivement c'est top. Attention coller le papier avec une colle non humide pour pas le déformer.
Découpe des panneaux : réalisé au fer à souder, mais tentative aussi au cutter, et les deux marchent "pas trop mal".
On était un peu short en quantité d'Icarex sur certaines couleurs, il a fallu faire quelques puzzles !
Assemblage des panneaux : trouver l'ordre le plus pratique, avec dans tous les cas les couleurs claires qui doivent finir derrière les sombres.
Très pratique d'avoir des scotch différents qui collent plus ou moins, ici utiliser des scotchs qui collent peu et se décollent facilement y compris sur le papier est très pratique.
Choix d'assembler les panneaux par scotch double face plutôt que colle, je trouvais tellement beau l'assemblage de mon Avo7 : 6mm de recouvrement entre panneaux, 6mm de double face, aucun débord de quoi que ce soit : bravo Drôle d'Oiseau.
Premier essai, pas fait exprès, sur une courbe, aïe aïe aïe... Impossible de courber le double face, et puis celui vendu par cvs colle tellement, même les doigts, que grosse galère... Faut donc ruser, petite astuce pour les courbes : travailler sur des longueurs de 20 cm environ et entailler au ciseau une demi largeur du double face tout les 3/4 cm, après ça courbe bien (voir photo), on peut ensuite appliquer sur le panneau. Les lignes droites après ça c'est les doigts dans le nez.
Et comme indiqué, avec le double face de cvs, ça colle tellement que pas le droit à l'erreur lors du rabat du panneau de dessus sur le double face, sinon faut quasi déchirer l'Icarex
Je me suis même questionné sur l'intérêt de rajouter une couture après ça... Mais si quand même... à la traction répétée on sent que le double face laisse glisser légèrement l'assemblage entre deux panneaux et que dans le temps la couture ne sera pas inutile.
Les ailes collées :
Couture : quelle bonheur de découvrir la couture ! J'adore ! Y en a qui s'éclatent sur des jeux vidéos, ben moi je m'éclate sur la machine à coudre
Coutures des panneaux de l'aile assez facile, les coutures galères sont pour plus tard...
Ailes cousues :
Icarex légèrement gondolés par la couture, fil un poil trop tendu, corrigé pour les deux demi ailes du 2è cv...
Détail des coutures :
Effectivement il faut de temps en temps nettoyer l'aiguille de la colle du double face qui s'y dépose, moi j'ai fait ça avec les doigts.
Petits noeuds d'arrêt au dos de l'aile pour certaines coutures qui sont obligées de s'arrêter en milieu d'aile. Sinon quelques points zig-zag "sur place" pour commencer et finir les coutures, mais je pense cela inutile puisque sur toute la périphérie les départs et fins de coutures des panneaux seront pris dans les coutures des biais de bord d'attaque, de fuite ou renfort central...
Assemblage des deux ailes :Pour le collage du bas de quille avec sa courbure : beau casse tête. J'ai utilisé un coin de livre surélevé, et j'ai opéré par tronçon de 5 cm en recalant entre chaque la position de la voile de manière à conserver le bon recouvrement des panneaux. Dur de trouver une technique efficace, bon résultat final.
Renfort mylar central :Le nez : là encore faut bien réfléchir à ce qu'on fait, quelques noeuds au cerveau...
Bords de fuite : biais plié en deux, forçage à la main histoire de le préformer un peu à la courbure du bord de fuite.
Bords d'attaque :- D'abord coller le biais côté voile (comme au fond de la photo) en alignant le pli du biais sur le plan, le garder plié à 90°, rajouter des scotchs de l'autre côté de manière à enlever les scotchs côté voile et permettre la pose du double face (en cours bas de photo) :
Encore une fois, très utile d'avoir un scotch qui colle bien et mais se décolle bien. Ici scotch de masquage pour peinture.
Au final, je pense que tout ça est peut-être inutile et que j'aurais pu gagner du temps : pas besoin de fixer le BA sur le plan, suffit de coller la voile bien alignée au fond du BA. Dans le premier cas tu courbes le BA, dans l'autre c'est la rigidité du BA qui courbe la voile, mais peut-être même résultat. J'essayerai la prochaine fois.
- Puis positionner la voile et coller le double face du dessous en gardant la voile calée au fond du pli du biais :
Super pratique de pouvoir tirer par dessous la bande support du double face...
- Puis enfin venir coller le dessus en rabattant le biais, attention à ne pas être tenté de coller en poussant d'un bout à l'autre, sinon pli du biais assuré, courbure du BA oblige :
- Puis la couture du BA. Ok sur la longueur courante du BA. Mais grosse galère dans le nez ainsi qu'en pointe d'aile où j'avais doublé le Dacron en le repliant sur 6 cm pour faire office de renfort. Là c'était la limite soit de ma machine à coudre, soit de mon réglage machine, soit de mon expérience de jeune couturier. Trop d'épaisseur, y compris des épaisseurs de double face, bref l'aiguille traversait le tout mais le fil du dessous n'était que rarement attrapé. J'ai fait du point par point en tournant la manivelle à la main, bref un peu tout essayé. J'ai fini sur les dernières pointes d'ailes par faire les trous à la machine (sans le fil) et coudre ensuite le fil à la main
Et pour finir, le bridage : là pas du tout envie de tâtonner à chaque fois pour les quartes bridages à faire (deux cv). J'ai donc pris du temps au début pour obtenir des bons repères au bon endroit. Puis à la chaîne pour reproduire tout ça quatre fois.
Le plus galère a été les échelles de noeuds, c'est seulement sur ma dernière des 4 échelles que j'ai faites que j'ai trouvé une procédure qui fonctionnait : je fait un noeud (serré à fond) j'ajoute 8 mm, je fais un trait, mon noeud suivant (serré à fond) doit venir frôler ce trait, et je recommence. Le noeud fait 2 mm de largeur, ça me fait un espacement de 10 mm d'un noeud à l'autre. Et toujours vérifier la distance au premier des noeuds histoire de ne pas cumuler des petites erreurs à chaque fois.
Tension de la voile : comme déjà évoqué sur ce forum pour le Vortex, à l'assemblage il peut sembler beaucoup tendu. Christian proposait de raccourcir dans ce cas chaque wisker de 0,5 cm. Pour l'instant je les ai gardé tel quel mais j'ai déporté les têtes de wisker pour avoir moins de tension de voile et moins de courbure de mes vergues (qui de plus sont plus souples puisqu'en 3PT au lieu de 5PT).
Les deux bêtes terminées :Premières impressions de vol et réglages : tous les commentaires suivants sont des impressions persos, je n'ai pas énormément de recul, ça fait que 6 mois que je découvre le free...
- Comparé à mon Avo7 en 6mm (et vergues en P300), ce Vortex typé UL est presque identique, hormis : la voile de l'Avo7 qui est plus toilée au niveau du bord de fuite (+5 cm au centre), et le Vortex UL qui est plus léger de par sa structure. Autre grosse différence, le bridage : le point de tire de l'Avo7 est beaucoup plus éloigné du CV (bridage plus profond).
- Comparé à l'Avo7 c'est un petit papillon, il est beaucoup plus vivace sur les bascules avant/arrière, cohérent avec faible profondeur du bridage, et en parallèle un peu moins stable côté précision.
- Pour l'instant testé sans lest, mais peut-être pas encore un niveau suffisant pour juger de l'intérêt possible d'un lest...
Côté figures :- Tortues bien moins profondes que l'Avo7 (particulièrement profond lui), rendant bien dure l'enchainement d'un 2è Lazy.
Mais je crois avoir trouvé pourquoi, vergues trop courbées de par la tension de la voile, donc lignes plus hautes en position tortue, donc moins d'accroche de tortue => pour limiter la tension de la voile j'avais déporté mes têtes de wiskers vers le BA, j'ai donc inversé en les déportant vers la croix centrale, du coup 1 cm de courbure en moins sur les vergues en 3PT, appui des lignes plus bas, résultat => tortue et multy Lazy nickel...
- un peu de mal à lancer des yoyo dans l'axe, faut que je bosse
Je pense essayer d'augmenter un peu la profondeur du bridage (incidence + extérieur), histoire qu'il soit un peu moins foufou sur les bascules.
- en fade, beaucoup de mal à lancer des rotations : le cv bascule direct vers le pancake avant de tourner, ça rend pas évident les ours de prairies que je commence à bien découvrir. Faut que je bosse... J'imagine même pas faire un backspine, ou alors y a une position de départ qu'il faut que je découvre... ou un peu de lest ?
- Dans l'ensemble, une gestuelle plus en finesse nécessaire sur l'ensemble des figures que je cotoie. J'aime plutôt bien, ça oblige à sentir les choses.
- J'ai eu le grand plaisir avec ce cv de commencer à sentir le demi-axel, et oui pas facile ce truc pour moi, je lâchais trop de mou sur la 2è main (aile basse), du coup le cv partait trop en bascule arrière. Et ces derniers temps j'ai enfin commencé à sentir la retenue légère mais très importante de cette 2è main, une belle sensation en cours de découverte !! J'étais au début trop concentré sur ma 1ère main (aile haute), et aucune place dans mon cerveau pour sentir la 2è.
Encore un nouveau monde sensoriel qui s'ouvre à moi
Le précédent monde sensoriel découvert c'était la tenue du fade, un truc de dingue de découvrir ça
Remerciements :D'abord un grand merci à Christian Derefat pour son travail et la mise à disposition de ses plans.
Puis à tous ceux qui sur le forum ont laissé des traces de leurs constructions, avec les idées, les essais, les photos, et puis les mille conseils précieux des confirmés de la construction.
Et puis à ma compagne qui a été une petite main bienveillante et fort appliquée !
Et puis à Jibering, pour ses conseils et à qui je vais prochainement demander de tester tout ça de sa main experte
Un bon lien avec plein de choses aussi, en anglais : http://www.tweelijners.com/tom/tomskitesite-en/Home.html
Et pour finir : immense révérence envers les fabricants qui arrivent à sortir des CV à 300€, franchement même après optimisation de la fabrication et expérience j'ai du mal à imaginer comment ils arrivent à se payer leur main d'oeuvre...
J'ai maintenant plein de pain sur la planche : travail de la relance des cascade de rolling, travail du yoyo 1 temps dans l'axe, découverte des posés, peaufiner mes slot et mes 1/2 Axel, et peut-être un jour sentir les 1/2 Axel-to-Fade...